Résumé du mémoire
de
fin d'études Relations de Thanasimus formicarius (L.)
(Coleoptera
: Cleridae) Les coléoptères scolytides comptent parmi les plus importants ravageurs des résineux. Ils s’attaquent à des arbres apparemment sains qu'ils tuent par l’inoculation de champignons pathogènes, ouvrant la voie à d’autres organismes qui déprécient le bois. Parmi ces ravageurs, Ips typographus L. est le scolyte de l’épicéa le plus dommageable en Europe. En 1992 par exemple, deux ans après les tempêtes de 1990, il a tué à lui seul 250.000 m³ d’épicéa en Belgique, occasionnant des pertes estimées à 250.000.000 BEF (1), tandis que les dégâts s’élevaient à 10.000.000 m³ en RFA (2), 1.400.000 m³ en Autriche (2), 500.000 m³ en Suisse (3) et 212.500 m³ dans le nord-est de la France (4). De
nombreuses
études ont démontré le rôle des
parasitoïdes
et prédateurs dans la régulation des populations de
scolytides.
Parmi les ennemis naturels d’Ips typographus, le
coléoptère
cléride Thanasimus formicarius, un prédateur
généraliste,
a déjà fait l’objet de nombreuses recherches à
l’étranger.
Par ailleurs, il est clairement établi dans la
littérature
que T. formicarius pourrait être un agent de
contrôle
important dans la régulation des populations de scolytes. En
Suisse,
en Allemagne et en Suède, il est considéré comme
le
prédateur majeur d’Ips typographus. Dans ces deux
derniers
pays, le ratio T. formicarius:Ips typographus
capturés
dans les pièges à phéromones est de 1:500 (L.M.
Schroeder,
non publié ; C. Heidger, non publié).
Le
transect de
pièges que nous avons établi à Wellin (prov.
Luxembourg)
montre un rapport T. formicarius:I. typographus
similaire à celui obtenu en Suède et en Allemagne (avec
du Pheroprax), mais avec
des attractifs augmentant normalement la capture du cléride
(Pheroprax
+ Ipsdiénol). La présence d’îlots de pins au sein
d’une
pessière ne semble pas, sur un an d’expérience, exercer
d’influence
particulière sur les captures d’adultes de Thanasimus.
Par
contre, les captures du cléride en pinède restent
supérieures à celles réalisées en
pessière.
Des manipulations en laboratoire ont confirmé que la principale proie présente en pessière, Ips typographus, convient particulièrement bien à T. formicarius (tests de choix alimentaire entre les deux espèces d’Ips) et que des larves de ce prédateur, naissant sur un épicéa, sont capables de pénétrer dans l’univers sous-cortical des galeries d’I. typographus et d’exploiter ce système jusqu’à leur dernier stade larvaire (observations réalisées dans des dispositifs en « sandwiches »). Des manipulations de terrain ont corroboré l’hypothèse émise suite à des expériences antérieures en laboratoire comparant le succès de nymphose de T. formicarius dans des rondins de pin, d’épicéa, et d’épicéa recouverts de papier mâché. Ces expériences avaient montré une corrélation positive entre l’épaisseur d' « écorce » (écorce ou écorce + papier mâché) des rondins utilisés et le taux de nymphose (J.-C. Grégoire, en préparation). Les observations réalisées dans le cadre de mon mémoire ont, quant à elles, montré qu’une épaisseur de substrat minimale de 6 mm est requise pour le creusement de la logette nymphale, grâce à des comparaisons d’épaisseur d’écorce d’épicéa et de pin. Une telle limitation par l’épaisseur d’écorce obligerait donc les larves de T. formicarius à migrer vers des sites plus favorables sur le tronc, par exemple vers la base de l’arbre où l’écorce est plus épaisse, avec les risques de mortalité que ces déplacements comportent. Ceci pourrait contribuer à expliquer l’absence de T. formicarius dans les relevés antérieurs. Suite aux observations réalisées lors de récoltes sur le terrain, des expériences comportementales et des analyses chimiques préliminaires ont porté sur la présence potentielle d’une phéromone entre adultes de T. formicarius. Nous observons une attraction des mâles par les femelles, mais les analyses chimiques (par chromatographie gazeuse couplée à un spectromètre de masse) ne peuvent pas encore fournir de conclusions nettes, vu le petit nombre de tests effectués et la grande variabilité entre les extraits. Au
terme
de ce travail, les résultats suggèrent que la
rareté
de T. formicarius en pessière serait fortement
liée
à l’essence de l’arbre hôte, l’épicéa, dont
l'épaisseur
d’écorce serait insuffisante pour la nymphose de l'insecte. Par
conséquent, la survie à la nymphose de T. formicarius
est inférieure en pessière qu’en pinède ; ce qui
laisse supposer une réalimentation (en adultes de Thanasimus)
des pessières à partir des
pinèdes.
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